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On parle de moi...

A mon sujet


Je m’appelle Audrey, je vis en Belgique, en région namuroise.


Née en Corée du Sud en 1985, j’ai été adoptée lorsque j’étais encore bébé. Ma sœur jumelle et moi sommes arrivées en Belgique à l’âge de 9 mois.


J’ai grandi dans un petit village près de Namur, entre jolies maisons en pierre, campagne et famille.


C’est au rythme de nombreuses activités que j’ai construit mon caractère, développé mes sens et mes capacités : équitation, natation, mouvement de jeunesse, danse classique et violon, vacances à l’étranger aussi.



Etre un bébé abandonné


Vivre une adoption est une chance immense dans la vie d’un bébé ou d’un enfant abandonné. Etre un bébé abandonné à la naissance implique plusieurs maux très souvent invisibles :

  • la peur de l’abandon durant toute une vie,

  • une volonté accrue d’être à la hauteur,

  • la grande crainte de ne faire partie d’aucun groupe,

  • le questionnement incessant sur nos origines,

  • la honte d’être différente physiquement.


Ces maux nous accompagnent durant toute notre enfance.

Tant bien que mal, nous devons trouver des réponses pour pouvoir se construire aussi sereinement que possible. Enfant, mes questions étaient imprécises et, dans mon cœur de petite fille, les émotions et sentiments divers sont confus. Entre la peur de ne pas être « assez bien » aux yeux de mes parents, la question trop souvent répétée « où sont-elles nées? », et le manque d’identification physique par rapport aux autres membres de ma famille.

Mes parents ont gardé toutes les informations relatives à ma naissance. J’ai pu réaliser des recherches pour retrouver mes origines. Malheureusement, je ne retrouve rien. J’ai beau creuser, le trou est sans fond. On nous a trouvé devant la porte de l’orphelinat, sans explication, sans adresse, sans photo. L’effort pour accepter de ne jamais avoir de réponses est encore plus important que l’effort des recherches en elles-mêmes.

Ne jamais savoir est difficile. Ne jamais savoir si nous avons d’autres frères ou sœurs, ne jamais connaitre les conditions dans lesquelles nous sommes nées, ne jamais apprendre les raisons de notre abandon. Et puis, malgré l’absence de réponses et le vide qu’elles laissent, j’aurais voulu dire à cette « maman » que je vais bien.

Je n’aime pas utiliser le terme de maman. Je n’ai qu’une maman, et elle est ici en Belgique. Mon papa et ma maman sont ceux qui m’ont aimée.

Cependant, cette « maman » coréenne a laissé ses deux bébés il y a 35 ans et demi, et peut-être que chaque jour elle se demande où elles sont, qui elles sont. Alors que j’ai appris à grandir avec mes questions, j’espère de tout cœur qu’elle a pu vivre avec les siennes.


Avoir une sœur jumelle

Etre née à l’autre bout du monde et atterrir en Belgique à l’âge de 9 mois, c’est une chose. Tout cela avec une sœur jumelle, c’en est une autre !

Très proches depuis le tout début, nous sommes fusionnelles. Oui, on peut le dire. Et comme dans tout couple de jumeaux, il y a un dominant (elle) et un dominé (moi).

Du coup, on peut presque dire que j’agis en tant qu’ombre de ma sœur depuis très longtemps. Depuis toujours en fait.

Là où va ma sœur, je vais. Toujours rassurée par sa présence, constamment en attente de son approbation. Elle m’apprend à prononcer le -s- sans « zozoter », à sauter à la corde, à faire des bulles de chwim gum. Elle décide et j’acquiesce. Quand elle n’est pas là, je suis stressée et me sens perdue.

Et puis viennent les remarques :

  • elles sont jumelles ? Ben oui, ça se voit non ?

  • Comment on les différencie ? Comment on sait qui est qui ?

  • C’est laquelle Audrey et laquelle Lindsay ?

  • Elles ont marché en même temps ?

  • Laquelle est la plus grande/jolie/intelligente/sympa/souriante/gourmande ?

Parmi la multitude de questions toujours les mêmes, il y a aussi les comparaisons parfois blessantes. Parce que oui, en plus d’avoir une sœur jumelle, j’ai aussi des oreilles !

Outre certaines difficultés de vivre dans l’ombre de ma sœur, contre notre gré à toutes les deux, au-delà des remarques parfois difficile à entendre, des comparaisons souvent maladroites, je retiens le lien incomparable qui nous unit.

Un lien que nul ne peut soupçonner, ni comparer, ni estimer. Il y a quelque chose entre elle et moi qui n’existe qu’entre elle et moi. Nulle part ailleurs.

Aucun mot n’est nécessaire quand on doit consoler l’autre, on se dit tout sans rien prononcer. On se comprend sans se regarder.

A deux, nous avons l’impression de ne jamais être seule, d’avoir une alliée.

Clara Luciani le chante si bien dans sa chanson « ma soeur« , et, avant elle, Lynda Lemay trouvait les mots justes dans son texte "Jumelle".


Devenir maman

Le 24 mars 2014, je suis devenue maman d’une petite fille, Eléa.

Au terme de plusieurs jours en salle d’accouchement, la gyné de garde décide de procéder à une césarienne. Fatiguée et découragée, à peine consciente, je retiens cependant ces mots magiques de la sage-femme qui tient mon bébé et ma la présente, de l’autre côté du champ stérile : voici votre fille. Et je lui murmure : bienvenue Eléa.

Depuis, ma vie, comme la vôtre si vous êtes parent, est chamboulée. On ne vit plus pour soi, on vit pour eux. On ne s’occupe plus de soi, on s’occupe d’eux. Et on voit le monde à travers eux. Ils sont nos priorités, ils occupent notre espace et nos pensées. Désormais rien ne sera plus beau que leurs joies et leurs sourires. Rien ne sera pire que leurs cauchemars et leurs larmes.

Mais l’amour tel qu’on le ressent pour eux, est tellement grand qu’il en devient vital.


Borderline


Diagnostiquée il y a plusieurs années, je devais avoir 30 ans. A cette époque, j'étais une jeune maman plutôt angoissée. J'ai décidé de prendre rendez-vous chez un psychiatre sur le conseil d'une thérapeute, suite à un Xème mal être.


Des psychiatres, des psychologues... J'en ai déjà rencontré, et à chaque fois, la même désillusion.

Dolores Mosquera a dit: "Le trouble de la personnalité limite est toujours mal compris. Nous faisons face à des personnes qui vont de thérapeute en thérapeute en se troublant et se désespérant chaque fois davantage".


Et cette année là, le verdict est tombé: borderline, trouble de la personnalité limite. J'apprends à connaitre mon trouble, à mettre des mots sur les switchs, les dissociations, les crises, la peur de l'abandon...


J'apprends à appréhender le vide en moi, les angoisses, les terreurs auxquelles j'ai déjà fait si souvent face. J'ai un mot maintenant sur ce que je suis. Ce n'est pour autant que j'ai un traitement. Mais au moins je ne suis plus "rien"... Je sais pourquoi parfois je suis tout... En gros, oui, je suis borderline. C'est difficile à accepter et à vivre mais c'est ma vie et je dois faire avec.


Bref, c'est moi

Hypersensible depuis toute petite, toujours en proie aux questions existentielles, à la recherche quasi constante de contacts, coréenne et depuis presque 36 ans, belge. Jumelle. Maman. Divorcée. Et borderline. Mais pas que…

Chaque jour que je vis me construit. Je tente de me prouver et de prouver aux autres, chaque jour, que je ne suis pas définie en tant que borderline. Car au fond de moi, vit Audrey.




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