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Portrait: Globe-trotteur: Pauline


Après être allée à la rencontre d’Hélène en Angleterre, et dans le cadre des articles concernant ceux et celles qui partent vivre et travailler loin de leur pays d’origine, je rencontre Pauline en Italie.

Pauline est née en Belgique dans la province de Namur. Elle a grandi dans un petit village entourée de ses parents et de son grand frère.

Enfant, elle avait l’occasion de voyager durant les vacances scolaires, entre autres, avec son papa, salarié à la SNCB (Société nationale des chemins de fer belges), qui profitait de réductions et avantages sur les billets de train. Il fit donc découvrir la Belgique et une partie de l’Europe à sa petite famille dès qu’il en avait la possibilité.

Pauline découvrit également l’Italie lors de jumelages de l’Académie de musique où elle suivait des cours de saxophone avec des villes italiennes, dont Gessopalena et Prata di Pordenone.

Elle apprit la langue et noua des liens avec d’autres élèves au fur et à mesure des échanges.

Plusieurs années plus tard, à l’université de Mons en province de Hainaut, la jeune fille perfectionna sa connaissance de l’italien.

Une licence en traduction qu’elle réussit haut la main malgré le sentiment d’être désavantagée par rapport aux nombreux étudiants issus de la communauté italienne en Belgique et éduqués en deux langues à la maison. Cela ne l’empêcha pas de mettre les bouchées doubles pour rattraper le niveau.

NOUVELLE VIE

Si Pauline décida de partir vivre à l’étranger ce fût en premier lieu pour le travail.

Après sa licence, elle sortit de l’université parfaitement trilingue (français comme langue maternelle, italien et néerlandais). En outre, Pauline apprit aussi l’anglais.

L’Italie lui apparut comme un choix de premier ordre dans son besoin de changement, elle souhaitait en effet quitter la grisaille et la vie métro/boulot/dodo et tenter une nouvelle aventure.

Un peu inquiète par le changement, par la perspective d’un nouvel emploi, elle s’est tout de même lancée seule dans cette nouvelle vie.

Ce second départ, Pauline le percevait comme une remise en question, l’occasion de remettre en jeu tout ce qu’elle avait acquis jusqu’à présent, sans tenir compte de l’avis et des réticences de son entourage qui craignait de la voir reprendre une nouvelle vie depuis le début.

Arrivée en Italie, Pauline choisit un appartement qu’elle décida de restructurer. Elle se souvient en particulier de la difficulté d’être prise au sérieux et son sentiment de ne pas être respectée en tant que femme dans une société italienne encore machiste.

“Nombreuses ont été les tentatives de ces hommes de profiter d’avoir face à eux une femme qui n’est pas du milieu.”

Du côté professionnel, Pauline participait à un stage dans une organisation internationale. Elle dû passer les concours pour obtenir un poste permanent et grimper les échelons.

“ Beaucoup d’heures de travail et d’étude, mais ça a porté ces fruits.”

Aujourd’hui, Pauline est coordinatrice pour la gouvernance stratégique et académique de l’Institut universitaire européen à Florence.

Elle est aussi devenue une grande fan de la Fiorentina, l’équipe de football de cette belle ville. Avant la pandémie, elle se rendait au stade chaque dimanche et est même devenue commentatrice pour une émission de télé locale.

UNE SECONDE FAMILLE

A Florence, sa ville d’adoption, Pauline rencontra une Florentine qui devint sa meilleure amie. Les deux jeunes femmes tissèrent un lien si fort que Pauline considère aujourd’hui la famille de son amie comme une seconde famille pour elle-même.

“Sa famille m’a littéralement adoptée et constitue désormais une deuxième famille, ma famille à Florence. Ils sont mon soutien au quotidien et m’ont aidé dans de nombreuses épreuves.”

LE COVID À FLORENCE

Pauline est secouriste avancée volontaire pour la Croix Rouge. Il y a trois ans, c’est lors d’un service en ambulance qu’elle rencontra celui qui fait, encore aujourd’hui, battre son cœur.

Lors de la crise sanitaire qui a particulièrement touché l’Italie, elle décrit la situation comme cauchemardesque, gardant en mémoire des images très difficiles.

Durant le confinement, elle continua de se rendre au bureau et ne fréquenta que son compagnon.

Alors que la pandémie avait déjà progressé en Italie, Pauline assistait à son arrivée en Belgique.

“J’étais très préoccupée de voir que la Belgique était très lente à prendre les choses au sérieux, alors que la situation en Italie était déjà critique. J’ai envoyé des masques et du gel à mes parents pour qu’ils se préparent.”


Découvrez un article au sujet de l’aide qu’elle apporta dans le cadre de la crise sanitaire lorsque l’Italie était au plus mal.

Article (1)
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ENTRETENIR LES LIENS

Avant la pandémie de 2020, Pauline rentrait en Belgique environ tous les 2 mois, elle retrouvait sa famille et ses amis d’enfance. Des journées auprès des siens qui étaient rythmées par les visites aux amis et aux proches.

De plus, son filleul, le fils de son frère, est né il y a 5 ans. Pauline souhaite faire partie intégrante de sa vie et le côtoyer autant que possible.

Aujourd’hui, alors que la crise sanitaire n’est pas encore totalement terminée, voyager est devenu plus compliqué et en attendant que la situation se résolve, elle organise régulièrement des vidéoconférences.

Paradoxalement, elle se sent plus proche de son frère et de ses parents depuis son départ à l’étranger :

“La distance a resserré les liens avec eux. Le fait de se voir peu nous pousse à profiter davantage des moments ensemble. Et nous éprouvons beaucoup de joie à chaque retrouvaille”.

A L’ITALIENNE

Pauline souligne qu’en Italie, le rythme est décalé.

“On se lève plus tard, on va travailler plus tard, on mange plus tard, etc. Les gens sont moins stressés. Et comme les journées sont plus ensoleillées et plus chaudes, on est plus souvent en extérieur”.

Par ailleurs, elle met aussi l’accent sur la place de la famille dans la vie des italiens. Notamment en ce qui concerne les personnes âgées:

“Les Italiens donnent davantage d’importance à la famille. Par exemple, rares sont les personnes âgées dans les Maisons de retraite, elles restent souvent vivre avec leurs enfants. D’un autre côté, ce côté plus nonchalant peut virer à la paresse, la négligence, vers un manque de discipline aussi et de respect des normes. Elle constate un certain « je-m’en-foutisme »"

L’AVENIR ?

Pauline le voit heureux et en famille. Elle sait déjà qu’elle souhaite une éducation bilingue pour ses futurs enfants. Elle leur parlera en français et son compagnon en italien.

Outre l’avantage que cela représente pour des enfants, être éduqués en deux langues leur permettra de communiquer avec les membres des deux familles.

Et, sans s’arrêter à une langue parlée et écrite, Pauline voudrait aussi leur transmettre un certain patriotisme, la connaissance de la Belgique, et à travers cela, le goût de la culture.

Actuellement, elle se sent bien en Italie et ne pense pas à un retour au pays. Si elle venait à perdre son emploi ou pour soutenir ses parents dans une épreuve, elle rentrerait en Belgique. Sinon, elle profite du soleil italien, de la mentalité plus détendue du sud, du mode de vie méditerranéen plus sain.

Il y a tout de même des côtés moins positifs qu’elle relève comme étant la manière de conduire, le manque de discipline et le côté “m’as-tu vu?” des italiens:

“Les Italiens font beaucoup avec ostentation: ils crient, ils klaxonnent, ils parlent avec leurs mains, s’engueulent en public, ils ont moins de pudeur…)”.

ET SI C’ÉTAIT À REFAIRE ?

Elle repartirait sans aucun doute !

“Partir vivre à Florence a été la meilleure décision de ma vie. J’avais à l’époque une vie métro-boulot-dodo dans la grisaille. Même si le travail était bien rémunéré et à durée indéterminée, je n’étais pas épanouie et j’ai donc tout quitté pour une nouvelle aventure qui s’est avérée payante.”

Pauline considère l’Italie comme l’un des plus beaux pays du monde et s’estime chanceuse d’y vivre et d’y travailler.

Partir à l’étranger… Un changement de vie qui implique autant d’efforts tant pour maintenir de vraies relations avec ses amis et sa famille en Belgique que pour s’intégrer dans un nouvel environnement. Cela lui a permis de resserrer les liens avec son frère et ses parents mais aussi d’en créer de nouveaux. Ce n’est, certes, pas simple tous les jours, mais le bilan actuel est très positif.

Épanouie et heureuse, elle récolte aujourd’hui le fruit de ses efforts, du travail accompli, de la détermination dont elle a fait preuve et de sa persévérance.


Merci Pauline pour ton temps et tes réponses 😍


PS: cet article avait été publié sur mon blog précédent juste après le confinement. Pauline me parle donc de ce sujet alors que l'Italie et l'Europe toute entière sortait à peine de la crise.



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